-= Terres Divines =-
 


Encyclopédie- Histoire

Acte I - Et les dieux créèrent le monde
 
Le mot d'Iridius
Longtemps les Quatre contemplèrent ensemble ce monde vide de sens, entourée d'un océan immobile et froid. Puis Iridius traversa la conscience de ses frères et souffla un mot : Créons. Ce mot résonna dans l’esprit de ses frères et sœur desquels jaillit une frénésie d’idées.

Et ils commencèrent alors à construire, chacun allant de son art. Gorhann créa un sol fertile, des mers agitées et d'immenses reliefs. Il travailla la terre avec tant d'acharnement qu'il ignora jusqu'aux blessures que son corps endura, laissant son sang divin imprégner les roches des montagnes. Ce qu’il créa était à la fois beau et brut. Iridius souffla et souffla encore. Il fit gonfler une grande sphère d'énergie qu'il enflamma. Un grand astre dans le ciel apparut pour réchauffer ces terres arides, les mers firent émerger de la brume et des nuages. Les cieux avaient recouvert les Terres Divines. Sorad fut le plus doué dans la création. A partir des entreprises de ses frères, il fit naître des êtres plus complexes tel que l’Yggdrasil, premier des arbres. Bientôt, des cerfs et des loups parcouraient les montagnes en bravant le soleil. Des bewoks paissaient en broutant l'herbe fraiche. Hécate observa mais ne trouva rien qui méritait d’être créé après les exploits de ses frères. Cela était magnifique et les dieux se reposèrent en contemplant leur œuvre.

Le seul regret des trois frères fut que leur sœur Hécate n’eut rien à faire d’autre. Du moins ne parvenait-elle pas à trouver ce qui manquait.
Pourtant, et à mesure que le temps passait, tout flétrissait, s’écroulait. Les trois frères recréèrent encore et encore ce monde afin que sa beauté reste la même jour après jour. Leur énergie était mobilisée, dépensée à chaque création, et bientôt ce qu'ils avaient créé devint leur malédiction. Ils étaient accaparés par ce renouveau sans fin. L’ennui d’Hécate gagnait tandis que ses frères la délaissaient. Pire, Iridius, pourtant si sage, fulminait de dépenser son énergie tandis que leur sœur les observait silencieusement. Mais la subtile Hécate n’était pas inactive. Elle étudiait en secret pour trouver une solution. A chaque début de renouveau, elle allait se terrer dans une grande tour qui s’érigeait depuis l'aube de la création de l’Etre Suprême, relique de l'ancienne civilisation. La tour de Maz Toth contenait des savoirs interdits, ceux des antiques créations de l'être suprême. Et Hécate trouva ce qu'elle était venue y chercher. Un soir, Iridius vit l’astre enflammé se mouvoir pour se cacher timidement derrière les montagnes, Gorhann senti les pierres se refroidir, Sorad vit ses créations reprendre vie à la fraicheur du soleil couchant. Hécate avait créé le cycle de la nuit, celui qui permettait un renouveau et le repos des créations. Ses frères louèrent son astuce et son génie. Certes leurs créations se flétrissaient mais moins rapidement. Aussi avaient-ils l’exquis privilège de pouvoir en profiter entre eux. Les dieux connurent le repos pour la première fois.
L'interdit Suprême
Sorad fut si fier qu'il brava l’interdit suprême et embrassa sa propre sœur. Deux parts de l’Etre Suprême avaient goûté la tentante expérience de se retrouver à nouveau réuni. Cette union fit trembler toute la récente création et les flux magiques furent puissamment perturbés. L’intimité des deux dieux fut une source de grande jalousie et de grande colère pour Gorhann et Iridius. Tous deux interdirent alors à Sorad de retenter cette terrible menace. Celui-ci conscient du danger s’exécuta, et jamais plus lui et Hécate ne devraient se rapprocher ni même s’effleurer. Mais leurs pensées ne pouvaient être bridées. La déesse voulu rendre hommage à son bien-aimé frère, et pour se faire décida de pousser plus loin sa propre création. Comment honorer un dieu de création, de vie, si ce n’est qu’en étant son égal ? Alors Hécate usa de pratiquement toute sa puissance pour fonder un nouveau cycle de vie encore plus élaboré.

C’est ainsi que naquirent les saisons en cadeau à Sorad. Mais le prix fut élevé car Hécate, exsangue, avait consommé sa puissance magique presque intégralement, dissipée dans sa nouvelle création. Une des Quatre se mourait d’épuisement. Gorhann, en grand frère protecteur réprimanda sévèrement Sorad qu’il considérait comme responsable de cette folie. Il savait ce dont était capable Hécate pour son frère bien aimé, et cette ultime création sonnait comme la dernière bravade d’une déesse envers ses frères. Sorad, étreint par le chagrin,ne put que subir ses foudres sans dire mot. Pourtant, le premier printemps l'enchanta. L’été qui suivit fit s’émerveiller Iridius. Puis ce fut l’automne. Gorhann se targua alors d’avoir été le plus clairvoyant : les créations flétrissaient et bientôt il faudrait tout recréer. Mais Hécate serait morte au terme de ce cycle infernal.
Comme Gorhann l’avait prédit, la création se fanait et Sorad ne put le supporter. Tous les efforts, toute la puissance de sa sœur étaient sacrifiés pour rien. Aussi décida-t-il de ne plus recréer ce monde insensé avec ses frères. Pourtant, qu’importait-il ? Le premier hiver devait venir et tout serait détruit.

L’hiver vint effectivement, et tout fut défait. Ce qui arrivait, même Hécate n’avait pu le prévoir ! Peu à peu, le sol se réchauffa, l’astre enflammé monta plus haut dans le ciel et Hécate recouvra ses forces. Un nouveau printemps arrivait et la vie renaissait. Hécate reprit connaissance et son mal s’évapora. Des larmes de joie coulant sur la joue de Sorad vinrent atterrir sur le premier des arbres. C’est de ce fait que germèrent les premiers êtres conscients, fils directs du dieu de la création Sorad. Ainsi naquit le peuple des elfes, et le premier d’entre eux porta le nom de Ghan d’Ilf. Iridius et Gorhann s’inclinèrent devant Sorad et Hécate.
Par amour, Hécate avait réussi sa plus belle création. Elle avait enfanté le temps, le cycle de la vie.
Par amour également, Sorad avait lui aussi réussi sa plus belle création. Il avait donné une descendance aux dieux.